Par
Mathieu Caron
Dans le cadre de la 19e soirée d'ouverture du festival
Vue
sur la relève
, Petite Boîte a eu la chance de rencontrer la comédienne
Pascale Bussières pour lui poser quelques questions sur son opinion sur la
relève et s'informer sur les différents projets auxquels elle participe en ce
moment.
P.B : Avec les années et avec l’expérience que tu acquis, as-tu des conseils pour les gens de la relève? Comment on fait pour
continuer dans le milieu et durer?
Pascale
: Pour durer… Ouais, c’est vrai qu'il y a
beaucoup de monde au portillon… Il y a beaucoup de monde, mais surtout il y a
beaucoup de monde de talent et plus ça va et plus je suis épatée par la ténacité
et le fait que les jeunes artistes sont de plus en plus polyvalents. Ce n’est
pas rare de voir l’intégration du théâtre dans la musique ou l’inverse,
d’intégrer de la danse, alors je pense qu’il faut avoir plusieurs cordes à son
arc ou beaucoup de flèches à son arc, je ne sais plus l’expression (rires). Je pense qu’aujourd’hui, il faut être capable d’avoir la capacité de
pouvoir faire plusieurs choses, comme réaliser, produire, d’être le plus
autonome et indépendant possible parce que de plus en plus je pense que toutes
les boites, toutes les productions deviennent un peu obsolètes. Ça va très vite,
ça vit et ça meurt, alors je crois qu’en tant qu’artiste, il faut être capable
d’être autosuffisant et de toujours être dans la création, de se créer une
petite équipe, de promouvoir ses affaires. En même temps, il existe plein de
réseaux sociaux, de blogues qui remplacent aussi ce que les maisons de disques
faisaient avant comme travail, alors c’est un autre mode de communication. Je
pense qu’il faut le faire avec la plus grande sincérité, avec la plus grande
liberté, avec toujours la possibilité de croire que tout est possible et tout
est encore à inventer… et c’est vrai! Il y a toujours une autre manière de dire
les choses, je pense qu’il faut vraiment le faire sincèrement, c’est vraiment
un don de soi. Être un artiste c’est vraiment un don de soi. Il y a toujours
de belles rencontres en cours de route sur un parcours de vie d’artiste. Au
Québec en tout cas, c’est incroyable, il y a vraiment un réseautage formidable,
plusieurs festivals, plusieurs tournées qui donnent la chance aux artistes de
se promener beaucoup en région et d’en vivre.
P.B : Et dans un côté plus personnel. Tu as des
enfants, est-ce qu’il aurait des chances qu’ils prennent la relève Bussières?
Pascale
: (rires) C’est drôle, j’en parlais tantôt!
Écoute, oui, ils sont musiciens tous les deux, piano, batterie, ils se
promènent, mais en même temps je ne pousse rien, j’ai envie que ça vienne d’eux
et en même temps, ils sont dans un environnement ou ça se passe beaucoup. J’ai
plusieurs amis musiciens, mais j’ai vraiment envie que ce soit leur choix. Je
n’ai pas le fantasme de mère de me dire que je veux absolument voir mon enfant
sur une scène. Je sais ce que ça implique aussi un métier de scène, ce que ça amène parfois de fragilité et de vulnérabilité, parfois, je me dis ouf… Mais en
même temps, on vit des vies extraordinaires, tout le monde rêverait d’avoir une
vie d’artiste dans l’absolu et se dire "wow'' on se promène, on voyage, on
rencontre des gens formidables, on est dans le plaisir tout le temps, souvent
en tout cas, on cultive le plaisir, mais je ne sais pas, on verra, à suivre…
P.B : Parlant de dossier à suivre, je lisais sur
toi et il y a quelques années, un peu après la sortie du film
Ma vie en
cinémascope
, dans lequel tu chantes, tu avais mentionné avoir le désir de
faire de la musique, du moins de faire un album. On en est où en 2014 avec ce
projet-là?
Pascale
: Oui, c’est un projet qui est là depuis un
moment, que j’essaie de caser entre deux ou trois affaires, mais c’est toujours
LE TEMPS, le facteur TEMPS, parce que ça demande une concentration d’énergie
assez intense et avec mon métier, les enfants, la famille, il faut presque
s’extraire du monde pendant un mois et se dire qu’on ne travaille que sur ça,
mais oui l’envie et le désir profond est là. J’aimerais ça avoir un petit show
et un album dans mes expériences. J’aimerais vraiment ça.
P.B : Tu le disais plus tôt, tu travailles
beaucoup. Justement, tu as commencé il y a quelques semaines le tournage de la
nouvelle série
Complexe G
est-ce que tu peux nous parler du projet un
peu?
Pascale
: Oui, on a tourné le premier bloc et ça va
être quelque chose...! (rires), mais je ne peux pas en dire beaucoup
malheureusement…
P.B : Mais la chimie avec les actrices est-ce que
ça fonctionne bien? Parce que plusieurs n’ont pratiquement jamais travaillé
ensemble, etc.
Pascale :
C’est vrai, nous n’avons toutes
pratiquement jamais travaillé ensemble!
Sonia Vachon, Édith Cochrane, Anne
Casabone
et moi, dans une comédie et ce n’est vraiment pas un genre que
j’ai visité beaucoup dans ma carrière, alors je trouve ça agréable à mon âge de
me lancer dans quelque chose comme ça et c’est vraiment de la haute voltige,
c’est vraiment un humour sur la corde raide. Alors oui, je pense que ça va être
étonnant, c’est une adaptation que les Français ont repris, alors nous on se base
sur ça.
P.B : Justement, au fil des années, les rôles
humoristiques se sont succédé;
Le cœur a ses raisons
,
Les bobos
et maintenant
Complexe G
,
mais si l'on retourne dans le passé,
tes rôles étaient beaucoup plus dramatiques, même parfois très dramatiques ou
même tragiques, alors là l’arrivé de l’humour, est-ce que c’est quelque chose que
tu aurais aimé qui arrive avant? Est-ce que tu l’attendais ou c’est par
surprise, un matin que tu as découvert que tu avais un certain talent dans la comédie?
Pascale
: (rires) En fait, moi dans ma vie de tous
les jours je ris beaucoup, depuis toujours, mais je sais que je ne dégage pas
ça, ma physionomie a quelque chose de grave, mais que veux-tu, on ne peut pas
changer ce qu’on est! Mais bon, avant, je ne sais pas, oui peut-être que ça
aurait été bien que ça arrive avant, mais que ça arrive là dans ma vie je trouve
ça très bien, surtout à un âge ou on a surtout l’habitude d’être dans la
gravité des choses, le poids de la vie, la distance, les échecs, les
obstacles, etc. Et là non, c’est le contraire qui se passe, je trouve ça plutôt
bien, j’ai l’impression de rajeunir même! Rajeunir dans ma tête je veux dire!
(rires)
P.B : Je suppose qu’il y a surement d’autres
projets qui s’en viennent pour toi aussi et que tu peux dévoiler?
Pascale
: J’ai un projet de cinéma qui s’en vient,
mais nous attendons des nouvelles alors je ne peux pas trop en dire, et cette
fois, on retourne dans la tragédie, mais c’est avec un jeune cinéaste que j’aime
beaucoup avec qui j’ai déjà travaillé (petit scoop), sinon au TNM dans
Le
journal d’Anne Frank
en janvier prochain (avec
Sébastien Dodge, Paul
Doucet, Benoît Drouin-Germain, Jacques Girard, Marie-France Lambert, Mylène
St-Sauveur et Marie-Hélène Thibault
), il y a aussi le film de
Philippe
Lesage
cet été et d’ici là peut-être un album et une tournée (rires).
P.B : Si on te propose d’être porte-parole l’an
prochain, une fois de plus, est-ce que tu vas accepter? Surtout que ce sera le
20
e
anniversaire du festival!
Pascale
: Oui, j’espère! Je devais chanter justement
ce soir, mais je dois partir. Je pourrais me donner ça comme objectif pour
l’an prochain, au moins chanter une de mes chansons... À
Vue la relève
ça ne serait pas si pire, à 46 ans…
P.B : Mais il n’y a pas d’âge pour la relève!
Pascale
: T’es sûr?
P.B : De toute façon, tant qu’à rajeunir!
Pascale
: C’est vrai ça! (rires)
Un merci sincère à Pascale Bussières pour cette belle entrevue!
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