Entrevue par Martine Boucher
On choisit rarement d'accoucher par césarienne. Souvent quand c'est le cas, c'est qu'une situation particulière nous oblige à y avoir recours. Pour certaines femmes accoucher par césarienne crée de la culpabilité, comme si elle n'avait pas été capable de mettre elle-même leur enfant au monde, alors que la réalité est plus complexe que ça. Plusieurs raisons peuvent obliger le personnel médical à faire une césarienne. Merci à Karina, maman du petit Olivier, qui a accepté de partager avec nous ce moment d'intimité.
Raconte-moi comment a commencé ton travail? Tu as été provoqué?
Jâétais
rendue à 41 semaines et 1 jour quand je me suis fait provoquer. Jâavais eu mon
suivi avec ma docteure quelques jours avant et mon col était complètement
effacé, mais je nâétais pas du tout dilatée. Mon conjoint et moi sommes arrivés
à lâhôpital à la date prévue vers 8h30 et on mâa posé un ballonnet à 9h00. Le ballonnet
est un petit ballon inséré dans le col de lâutérus qui gonfle afin de forcer
légèrement la dilatation. Quand le ballon tombe de lui-même, câest que tu es
rendue à 3cm. Vers 9h30, mon médecin a crevé mes eaux, et on mâa branché sur le
soluté qui provoque les contractions. La dose augmentait à toutes les
demi-heures. Câétait le début dâune longue journée! hihi
Comment tâes-tu préparer à ton accouchement?
Je
suis restée active tout au long de ma grossesse. Jâai lu que ça aidait beaucoup
pour lâaccouchement. Jâavais droit à de drôles de regards, lorsque jâétais
enceinte de 38 semaines et que jâallais au gym! haha Dans les dernières semaines je
faisais beaucoup de ballon dâexercice: des petits sauts, des mouvements de
rotation afin dâouvrir le bassin etc. Je faisais aussi beaucoup de marche. On a
aussi suivi quelques cours prénataux au CLSC.
Quelles étaient tes craintes face à lâaccouchement?
Je
nâavais pas vraiment de craintes, sauf que mon conjoint tombe dans les pommes. Il
nâest pas trop fan de sang! haha La douleur ne me faisait pas peur en tant que
telle. Je crois que comme toutes les mamans, mon souci principale était
surtout que tout se passe bien pour le bébé et quâil soit en bonne santé. Jamais
lâidée dâune césarienne ne mâavait traversé lâesprit.
Quels étaient tes souhaits pour ton accouchement?
Je
voulais un accouchement le plus naturel possible. Je souhaitais accoucher sans
épidurale à hôpital en restant zen le plus possible. Pas besoin de préciser que
ça ne sâest pas du tout passé comme je lâaurais voulu, et câest correct comme ça!
Comment sâest déroulé ton travail avant que la décision soit prise de
faire une césarienne?
Les
contractions ont commencé vers 9h30. Chaque demi-heure la dose était
augmentée et donc les contractions étaient de plus en plus fortes. Le cÅur du
bébé était monitoré tout au long de la journée. à 21h30, mon médecin est venue me voir, jâétais dilatée à 10cm et câest à ce moment quâelle a parlé de la
césarienne pour la première fois parce que le bébé était encore très haut et qu'il se présentait le visage vers le pubis, alors qu'il aurait dû se présenter la tête vers ma colonne. Aussi, son cÅur commençait a décélérer.
Sur le coup, j
âai refusé la césarienne catégoriquement, en pensant naïvement
que jâavais le contrôle là -dessus, en me disant ââBen non! Tu vas voir. Je vais
pousser comme une championne et ça va bien aller.ââ Elle était dâaccord quâon
tente la poussée, mais en gardant lâoption de la césarienne ouverte.
à quel moment pendant ton travail ont-ils décidé dâaller en césarienne?
Après
près de 13 heures de contractions, jâai pu commencer à pousser. Par contre, le
médecin a remarqué que je perdais beaucoup de sang, et que mon bébé avait aussi
fait ses premières selles (méconium) dans mon ventre; donc risque
dâintoxication. Elle mâa laissé pousser environ 1 heures, mais quelques complications
sont survenues. Mon fils avait 2 tours de cordon autour du cou, son cÅur décèlerait
à chaque contraction et il avait encore le visage vers le haut alors quâil devait lâavoir
vers le bas. Elle a essayé de le sortir avec les forceps. Mon conjoint mâaidait
à pousser. Il appuyait sur mon ventre quand je poussais. Oui, oui! Rien ne
marchait et câest à ce moment quâelle mâa dit quâon sâen allait en césarienne.
Tout sâest passé super vite à partir de ce moment-là !
Comment as-tu réagi?
Quand elle avait mentionné la césarienne la première fois,
je ne voulais rien savoir. Je me disais que jâallais être capable; Pleins de
femmes lâavaient fait avant moi. Câest après une heure de poussée que je me
suis rendu compte que nous étions passées de 4 à presque 15 personnes dans la
chambre, que jâai vue dans les yeux de ma médecin que le temps pressait et
quâelle mâa parlé des complications. Je nâai pas vraiment eu le temps de
réagir. Tout ce qui comptait, câétait que mon fils sorte et quâil soit en
santé. Jâai tout de même été un peu déçue quand on mâa averti quâon devait
mâendormir pour lâopération étant donné que j'avais du mal à geler avec les
médicaments et que mon conjoint ne pourrait pas assister à la naissance, mais
tout sâest passé très vite.
Comment ton conjoint a réagi à lâaccouchement? Comment tâa-t âil
supporté?
Mon
conjoint mâa dit quelques jours après lâaccouchement que ce quâil a trouvé le
plus difficile, câétait son sentiment dâimpuissance; De me voir avoir mal et de
ne pas pouvoir rien faire pour mâaider. Il a voulu me faire les massages et les
points de pression, mais je nâarrivais pas à endurer quâon me touche pendant le
travail. Jâétais trop concentrée. Pendant le travail, il essayait de me changer
les idées. On écoutait une série sur son téléphone, on parlait... Quand jâai pu
pousser, il était mon préposé aux débarbouillettes dâeau froide sur mon front.
Il mâen apportait aux 2 minutes. Il nâa pas pu assister à lâaccouchement, mais
les infirmières lui ont amené le bébé alors que jâétais toujours en salle
dâopération. Il savait à quel point le peau à peau était important pour moi,
alors il a gardé notre petit bien emmitouflé sur lui jusquâà ce que je puisse
lâavoir pour que je puisse profiter du premier peau à peau. Il mâa dit quâil
trouvait ça important que ce soit avec moi la première fois, jâai trouvé ça
mignon et jâai vraiment apprécié son geste, même si évidemment ça mâaurait fait
tout autant plaisir quâil en profite pour la première fois lui aussi! Il ne
manque pas une occasion pour coller son petit garçon depuis.
:)
Quels étaient les accommodements mis à ta disposition à lâhôpital?
(matériel, réduction de la douleur, servicesâ¦)
Jâavais
2 moniteurs sur le ventre, en plus de mon soluté branché au bras. Jâétais donc limitée dans mes mouvements. Je
ne pouvais pas vraiment marcher, mais ils mâont offert le ballon dâexercice,
que jâai utilisé un peu. En ce qui a trait à la gestion de la douleur, on ne
mâa pas vraiment offert beaucoup dâoptions. Câétait soit la morphine qui allait
faire effet seulement quelques minutes ou lâépidurale. Jâai attendu le plus que
jâai pu avant de la prendre (petit défi personnel jâimagine). On mâa finalement
donné lâépidurale, qui a fait effet les deux premières heures seulement
.
Comment se sont passé les heures suivant la césarienne? Comment tâen
es-tu remise?
Le
réveil après lâopération a été un peu plus difficile pour moi (réveil trop
rapide, morphine qui ne faisait pas son plein effet encore, panique de savoir
si mon fils était correctâ¦). Jâai pu retourner à ma chambre environ 1 heure après
mon réveil et câest seulement à ce moment que jâai pu voir et faire mon premier
peau à peau avec mon fils. Je ne ressentais pas vraiment la douleur à ce moment-là .
Surement dû à lâadrénaline. Jâai eu ma césarienne vers 23h00 et le lendemain Ã
8h00 am, on me demandait de me lever. Je pouvais marcher dans ma chambre,
lentement mais surement! Le retour en auto a été ce qui a été le plus difficile
je crois. Ã chaque bosse, jâavais lâimpression que tout allait rouvrir. Jâai
tout de même eu une rémission rapide. 3 jours après mon retour à la maison, je
prenais des marches dehors en poussette. Les premières journées sont plus difficiles.
Rire ou tousser = douleur assurée, mais jâavais des antidouleurs au besoin.
Deux jours après notre retour à la maison, une infirmière du CLSC est venue
mâenlever mes agrafes pour me mettre des bandes de rapprochement que je devais
garder une semaine déjà ma plaie était belle! En fait, câétait la première fois
que jâosais la regarder, cette vilaine cicatrice qui mâa permis dâavoir enfin
mon fils dans les bras. Câest sûr quâon est un peu plus limité pour les 6 premières
semaines, mais ma réémission sâest très bien passée!
Commentaires
Publier un commentaire
Veuillez noter que tout commentaire blessant, harcelant ou visant personnellement un artiste peut se voir supprimé sans préavis.
Merci!